Cette année, nous avons lancé des interviews Donostisound avec des musiciens professionnels sur divers aspects du monde de la musique. Nous espérons que vous apprécierez cette interview!
INTERVIEW AVEC Michel Golias
Rencontrez Michel
Donostisound. Comment vous appelez-vous et d’où venez-vous?
Michel Golias. Je m’appelle Michel Golias et je viens de Biscarosse dans les Landes (40).
DS. De quel(s) instrument(s) jouez-vous?
MG. Alors je joue du trombone, mais occasionnellement de l’euphonium également.
DS. A quel âge avez-vous commencé à vous intéresser à la musique?
MG. J’ai commencé à l’âge de 10-12 ans environ.
DS. Pourquoi les vents à grand métal?
MG. Ce fut par hasard, je voulais jouer de la guitare électrique à la base et il y’avait un vieux trombone qui trainait dans mon ancienne école de musique. Donc ils l’ont donné à mon père et mon père vient me voir et me dit «Tu vas jouer du trombone». Voilà comment je suis arrivé à en jouer.
DS. Quel style de musique a développé votre passion musicale?
MG. Un peu de tous les styles, de la musique classique, de la salsa, des bands.
DS. Que faites-vous actuellement, est-ce que vous travaillez dans la musique?
MG. Je suis professeur de conservatoire à Pau, et également professeur de musique dans l’ecole municipale à Orthez.
DS. Pourquoi cela mérite-t-il la peine de prendre le temps d’apprendre à jouer d’un instrument de musique selon-vous?
MG. Cela développe la curiosité, la mémoire, jusqu'à très tard dans la vie, très intéressant, pas de conflit de génération.
DS. Quel argument donneriez-vous à des enfants pour qu’ils commencent à jouer d’un instrument de musique?
MG. De se faire plaisir, jouer avec des copains, toucher à tout, voyager, comme le stage « el systema »
DS. Le professeur de musique à t-il beaucoup à voir dans le succès que peut avoir son élève dans la musique? Se rendent-ils comptent de cela?
MG. Pas d’accord, cela dépend du travail de l’élève, le prof est là pour le corriger, modifier, donner les partitions, le bon cours après tout le travail doit être réalisé par l’élève même. Il n’y a que lui qui puisse se donner à fond.
DS. D’après vous tout le monde aurait la capacité de jouer de la musique?
MG. Oui. Sauf quelques restrictions, comme les paraplégiques, tout le monde peut, à son niveau, se faire plaisir.
DS. Avez-vous étudié de la façon ordinaire ou avez-vous appris à l'oreille?
MG. J'ai fait l'école municipale de musique, j'avai un bon niveau donc j'ai continué au conservatoire, et après j'ai fait un diplôme.
DS. Quel conseil donneriez-vous aux professeurs de musique pour qu’ils continuent à réjouir leurs étudiants?
MG. Il faut les faire participer à des stages musicaux, assister à des réunions collectives.
DS. Y’a t-il des aspects dans la musique que vous n’aimez pas ?
MG. Il faut s’entrainer tous les jours, sinon on perd de nos facultés, on regresse.
DS. Pensez-vous que le fait de faire de la musique est valorisé en France?
MG. Oui plutôt, les musiciens sont valorisés, ex : soirée étudiante quelqu’un qui joue d’un instrument est mis en avant, toutes la conso sont gratuit. Les garçons ont la cote avec la fille.
DS. Pourriez-vous nous recommander une ou des page(s) internet où nous pouvons nous prendre un moment ? Elles peuvent être : des Pages d'étude, de technique, de forums intéressants etc...
MG. Il y a la page youtube des Lenozilras ? qui pourrait inciter les enfants à jouer d’un instrument.
DS. Il y a t-il des instruments plus faciles et plus difficiles à utiliser que d’autres, pouvez-vous nous donner des exemples?
MG. Oui, déjà jouer du trombone est plus difficile car il y a pas de pistons, c’est a nous de donner les bons sons contrairement à l’euphonium qui possède des pistons. Le plus facile je dirais c’est le piano.
DS. Donnez un argument aux jeunes sur pourquoi devraient-ils jouer d’un instrument :
MG. Cela permet de développer leur curiosité, ils seront plus ouverts, et le langage musical est universel: il est possible de se faire comprendre juste avec cela.
INTERVIEW AVEC Charley Rose
Notre première interview est avec le Français Charley Rose, saxophoniste de jazz avec le "Gabacho Maroconnection" et des groupes "Larchey Zore". Charley est sans aucun doute un jeune talent dans le monde du Jazz, il a son propre style de musique du monde comme indie, métal, fusion progressive et bien sûr le jazz.
Rencontrez Charley
Donostisound. De quel instrument jouez-vous?
Charley Rose. Je joue principalement du saxophone alto mais aussi tous les autres, de la clarinette mais aussi un peu de piano, de guitare et de basse.
DS. A quel âge avec-vous commencé à faire de la musique? Ça a été le saxophone ou un autre instrument?
CR. J'ai commencé le solfège à 6 ans et demi et 6 mois plus tard je jouais du saxophone !
DS. Qu'est-ce que vous trouvez attirant chez le saxophone?
CR. Particulièrement la sonorité de certains saxophonistes tels que John Coltrane, Paul Desmond, Lee Konitz Stan Getz ou aujourd'hui Chris Cheek. C'est un instrument capable d'une grande expressivité aussi comme Ornette Coleman peut nous le faire entendre.
DS. Est-ce que vous avez étudié de la musique, ou vous en avez plutôt appris de façon autodidacte?
CR. Je l'ai étudiée dès mon plus jeune âge à part pour ce qui est de la guitare, la basse et la voix que j'ai appris de façon autodidacte.
DS. Il vient d'où, votre intérêt pour la musique?
CR. Depuis tout petit j'écoute beaucoup de disques, mon grand-père et ma mère sont des mélomanes, et au fil des rencontres j'ai renforcé cette passion qui est aujourd'hui presque une addiction.
DS. Est-il difficile, aujourd'hui, de vivre de la musique?
CR. Comme on pourrait dire, on ne meurt pas de la musique en tout cas :)
DS. Vous jouez avec combien de groupes, ces jours-ci?
CR. Quatre groupes mais d'autres projets se forment et se déforment. Larchey Zore Quartet, Gabacho Maroconnection, Pit Dahm Trio et Les Anis Maniacs.
DS. Parlez-nous un peu de votre projet Gabacho Maroconnection.
CR. Gabacho Maroconnection (GMC) est un super band de 8 musiciens venant d'horizons très différents mais pas opposés. Chaque style est à la croisée des chemins de tous les autres style, pas nécessairement, mais peut l'être en tout cas. GMC regroupe deux percussionistes et chanteurs marocains, un musicien de percussions africaines, deux saxophonistes de jazz dont un flamenco moderne et l'autre free et jazz moderne, un pianiste de jazz influencé majoritairement par Robert Glasper, un bassiste fan de Weather Report et un batteur de jazzworld fondu d'années 80 et de musiques ethniques. Autant dire que ça fait un patchwork assez étonnant et ça se ressent dans la musique qui elle est une sorte de fusion de musique ethniques et de jazz, une sorte de fête dansante sur scène, tribale parfois et teintée de musique savante. Si vous voulez en connaître plus sur le groupe allez sur http://www.gabachomaroc.com/
DS. Qu'est-ce que vous trouvez attirant dans le monde de la musique actuellement?
CR. Des groupes comme Liturgy, la voix lancinante de James Blake, Radiohead, toujours Radiohead et j'ai fait un retour vers John Coltrane, sa période tardive.
DS. Qu'est-ce que vous trouvez le plus passionant, jouer en direct ou composer?
CR. Jouer en direct la musique que j'ai composé ;)
DS. Vous avez étudié du Jazz au conservatoire “Musikene”. Vous aimez la musique classique? Quels compositeurs vous inspirent?
CR. J'aime beaucoup la musique classique, notamment celle du XXème siècle et ses grands compositeurs : les Français Ravel Debussy, les Russes Stravinsky, Prokofiev, Shostakovitch mais aussi bien d'autres comme Ligeti, Bartok...
DS. Mentionnez 5 noms du monde de la musique qui ont changé votre vie, votre façon de jouer ou votre perception musicale en général.
CR. Radiohead, Meshuggah, Coltrane, Ornette Coleman, Ravel.
DS. Qu'est-ce qui vous embête du monde de la musique?
CR. La musique accessible non pas par sa nature, son essence, mais parce qu'elle est formatée par des gens qui pensent en faire un objet consensuel qui ramènera un maximum de fonds. Cette musique transpire la fausseté, comme dans les rapports humains intéressés, et j'en suis très sensible.
Et ensuite les années 80 du 1er Janvier 1980 jusqu'au 31 Décembre 1989 haha Je plaisante, de très bonnes productions ont vu le jour dans les années 80, je pense par exemple à "More bounce in the ounce" de Zapp & Roger, qui me mettra le sourire dès la première seconde de vocoder passée.
DS. Quelle est votre opinion à propos du piratage: est-il positif, négatif, inévitable?
CR. Je pense que c'est inévitable et que ça ne touche quasiment que les grosses industries de disque. Le côté positif c'est que ça a largement contribué à l'ouverture d'esprit de nombreux mélomanes qui ont pu de plus en plus engouffrer une quantité colossale de disques. Le côté un peu négatif c'est qu'aujourd'hui il n'y a plus vraiment d'argent fait sur les disques à part ceux que l'on vend de main à main après les concerts; il est difficile de trouver un label près à vous financer et une distribution ensuite. Mais bon, il faut évoluer et se creuser la tête pour trouver de nouveaux supports pour la vente ou le financement qui engagent plus directement les gens (ex: crowdfunding)
DS. La musique elle est plus appréciée en France ou en Espagne?
CR. Si vous parlez de la musique en direct, je dirais que personnellement je ne ressens pas beaucoup de différence d'un pays à l'autre.
Je dirais seulement que la radio et la télévision fançaises diffusent un peu plus de qualité qu'en Espagne, mais cette différence n'est pas non plus grandement sensible.
DS. Pas tout le monde en Espagne connaît "L'Intermitance". Parlez-nous-en un peu.
CR. C'est un régime dédié à tous les métiers du spectacle, des artistes aux techniciens, en passant par les maquilleurs, régisseurs... qui demande de côtiser sur une période de 10 mois en effectuant 45 concerts déclarés, donc lourdement taxés, à hauteur de 60 pourcent environ et qui permettra au musicien les dix mois suivants de recevoir une indemnisation chômage indexée sur le montant de ses cotisations des 10 mois précédents. L'indemnisation est de 1200 euros et peut monter jusqu'à 4000 euros environ pour les mieux payés. Cette indemnisation est régulée en fonction du net perçu pendant les 10 mois où elle tombe après des déclarations mensuelles de revenus.
C'est assez difficile à obtenir mais c'est possible et ça vaut le coup, c'est une belle aide au financement de la culture mais ça n'est pas du tout un cadeau ni un privilège. C'est durement gagné pour certains car tout l'aspect production, booking, répétitions n'est pas rémunéré, et ça il ne faut pas l'oublier.
DS. Est la musique enraciné dans chacun d'entre nous, ou il aurait-il plutôt des gens doués et d'autres qui ne le sont pas?
CR. Je crois que presque tout le monde démarre sur un pied d'égalité, après, c'est certain qu'il existe des prodiges. Mais un prodige qui ne travaille pas dur n'arrive à rien. Donc l'étude rattrapera toujours les lacunes supposées de quelqu'un qui ne croit pas être habité de la musique.
DS. Pensez-vous qu'il vaut la peine de continuer avec la musique, même si l'on n'est pas doué?
CR. Bien-sûr, du moment que c'est la passion pour la musique qu'on a en nous, il faut continuer. On n'a pas besoin d'être un virtuose pour se faire plaisir.
DS. Quels conseils donneriez-vous à un débutant pour continuer avec ses études?
CR. Je lui conseille de toujours être en mouvement, que ce soit avec ses professeurs, les disques qu'il écoute, ses voyages. Je lui conseille de chercher par lui-même, de fouiller pour trouver de nouvelles idées d'écoute, de jeu. Je lui conseille d'aller voir un maximum de concerts et de s'inspirer de ses artistes préférés, de les imiter dans un premier temps pour plus tard pouvoir les dépasser. Et surtout ne jamais se décourager, entretenir le feu intérieur qui le lie inexorablement à la musique.
DS. Donnez une bonne raison à un/e jeune enfant pour commencer à jouer d'un instrument.
CR. Les musiciens sont fraternels, toute ta vie ils seront une grande famille qui ne t'abandonnera jamais; et, dans chaque capitale du monde, peut-être qu'à un moment de ton chemin tu auras un toit et un ami pour t'acceuillir.